Croisés anti-France Télécom
La future tarification pénaliserait l'internaute. Voire.
Beaucoup d'internautes rêvent d'aimer l'an 2000, mais sans France Télécom. Insurgé contre
"la prochaine augmentation des tarifs nocturnes" de l'opérateur, l'un d'entres eux, Tristan
Schmurr, a porpulsé une pétition en ligne le 5 janvier pour entraîner les mécontents dans sa
croisade. Cible de la hargne de cet étudiant, épaulé par quelques centaines de personnes
qui ont déposé leurs contributions sur son site web: les modifications des tarifs téléphoniques
de France Télécom annoncés pour 1997. Et en premier lieu, la "simplification" de la grille
de réduction, aujourd'hui quadricolore, et qui ne comptera plus que deux couleurs au premier
octobre. De 8h à 19h en semaine, tarif plein. Le reste du temps, réduction de 50%. Selon
Tristan Schmurr, les internautes se scotchent aujourd'hui massivement à leurs écans après
22h30 pour profiter du tarif bleu nuit et des ses 65% de réduction. Et devraient donc
s'apprêter à voir s'envoler de plus de 40%. Sale coup pour le développement de l'Internet
en France que cette nouvelle grille? "Cette pétition, c'est une cyberbranlette", selon
Jean-Bernard Condat, ex-pirate informatique reconverti dans la légalité et qui se plaint
de retrouver son nom dans la pétition sans l'avoir donné. "Les annonces de l'opérateur ont
été lues hâtivement" Les insomniaques du Web risquent en effet de souffrir de la réduction
nocturne. Mais nombres d'internautes devraient se réjouir de voir la baisse de 50% s'appliquer
dès 19h. Surtout si l'on ajoute un autre service annoncé par France Télécom pour 1997: le
forfait local et ses 6h de communications par mois à 30F. Or "près de 40% de nos abonnés ne
dépassent pas 6heures de connexion par mois" affirme Rafi Haladjian, directeur général du
fournisseur d'accès Micronet qui vise le grand public.
Mais les signataires, souvent virulents, n'ont que faire de ces comptes d'apothicaires.
Ils fantasment déja sur la libéralisation des télécoms au 1er janvier 1998, censée marquer
le début d'une nouvelle ère, une sorte de paradis pour les internautes ou les communications
locales seraient facturées au forfait, comme celà se fait aux Etats-unis. "Il y a peu de
chances que cela se produise, poursuit Rafi Haladjian. Pour supporter l'augmentation de
traffic induite par une telle baisse des coûts, il faudrait investir beaucoup d'argent
dans les infrastructures. Aux Etats-Unis, les opérateurs peinent à gérer de longs accès
à l'Internet sur le réseau téléphonique, prévu pour des appels vocaux de 3 ou 4 minutes
en moyenne." Même Tristan Schmurr, l'initiateur de la pétition, s'est senti tenu de recadrer
ses trops enthousiastes signataires dans une version reliftée de sa page web, leur signalant
que "les clients particuliers sont purement insignifiants par rapports aux grandes entreprises
". Et que, de ce fait, il est "inutile d'attendre quelque diminution des tarifs pour nous
autres, simples contribuables". Une seule certitude pour 1998: la multiplication des services
à la tête du client.
Florent Latrive
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